Obésité en France : État des lieux

Quelques repères chiffrés : Évolution dans la population française, facteurs de prédisposition, corrélation avec les maladies métaboliques
Par J.-M. Fichel
Publié le 21 avril 2025

Table des matières

Introduction
Plus de 30 % des français sont concernés par le surpoids en 2020
Le taux d’obésité dans la population française a doublé depuis 1997
L’enquête indique que la part de personnes en obésité croît progressivement avec l’âge
Le taux d’obésité est aussi corrélé au milieu social et à la situation économique des foyers
L’obésité amène une distorsion de l’image du corps, les personnes en obésité testées avec le test des silhouettes ne se voient pas exactement comme elles sont
L’obésité est associée à une insatisfaction corporelle
La forte corrélation de l’obésité avec des maladies métaboliques n’est pas démentie
La plus forte médicalisation des problèmes de poids
Accès à l’intégralité de l’enquête

En juin 2021, la Ligue contre l’obésité a publié le résultat d’une grande enquête sur l’évolution de l’obésité dans la population française en 2020 (le lien à la fin de l’article donne accès à l’intégralité de l’enquête). Modvita vous en fait une lecture abrégée en vous livrant :

les chiffres utiles pour connaître l’ampleur du phénomène dans la population adulte,

les principaux facteurs de prédisposition à l’obésité,

ainsi que les risques pour la santé à la fois physique et psychologique rapportés.

Plus de 30 % des français sont concernés par le surpoids en 2020

En 2020, 30,3 % des Français, soit plus de 15 millions de personnes, sont considérés en surpoids. Les hommes sont davantage concernés par le surpoids que les femmes, avec 36,9 % d’hommes contre 23,9 % de femmes. On note une diminution par rapport à l’étude de 2012 où la part des personnes en surpoids s’établissait à 32,3 %.

Le taux d’obésité dans la population française a doublé depuis 1997

En 2020, 17 % des Français sont considérés en obésité, c’est-à-dire avec un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 30. Cela représente plus de 8,5 millions de personnes parmi lesquelles 2,0 % sont en obésité morbide, soit plus d’1 million de personnes. L’obésité des femmes atteint 17,4 %, 15,2 % étant en obésité modérée et sévère et 2,2 % en obésité morbide. L’obésité des hommes atteint 16,7 %, 14,9 % sont en obésité modérée et sévère pendant que la part d’hommes en obésité morbide s’élève à 1,8 %.

Tableau 1. – Normes de classification des IMC
IMCClasse
< 17,5 :Sous-poids
18,5 à 24,9 :Poids normal
25 à 29,9 :Surpoids
30 à 34,9 :Obésité modérée
35 à 39,9 :Obésité sévère
≥ 40 :Obésité morbide

L’enquête indique que la part de personnes en obésité croît progressivement avec l’âge

On note une progression constante de la courbe d’obésité par groupe d’âges dans la population adulte, avec un léger fléchissement chez les 65 ans et plus. Néanmoins, l’enquête révèle que les progressions les plus fortes, depuis 2012, de la part de personnes en obésité se trouvent auprès des groupes d’âges les plus jeunes.

Figure 1. – Prévalence de l’obésité selon l’âge en 2020

Le taux d’obésité est aussi corrélé au milieu social et à la situation économique des foyers

L’obésité touche différemment les personnes en fonction du milieu social avec un taux d’obésité de 18,0 % chez les ouvriers à peu près équivalent au taux de 17,8 % observé chez les employés, alors que ce taux tombe à 9,8 % chez les cadres, à l’autre extrémité de l’échelle sociale. L’enquête souligne que la progression la plus marquée, depuis 2012, de la proportion de personnes en obésité s’observe chez les professions intermédiaires, avec une hausse de +2,6 points. L’enquête rapporte que la part de personnes en obésité est beaucoup plus importante dans les foyers en difficulté économique (24,6 %) que dans les foyers où la situation est juste (17,1 %) et, surtout, que dans les foyers à l’aise financièrement (12,7 %). Et c’est aussi dans les foyers en difficulté économique que la part des personnes en obésité progresse le plus fortement depuis 2012, comparés aux foyers économiquement plus à l’aise.

L’obésité amène une distorsion de l’image du corps, les personnes en obésité testées avec le test des silhouettes ne se voient pas exactement comme elles sont

Ce phénomène concerne particulièrement les femmes en obésité dont seulement 49,0 % sélectionnent une silhouette de femme en obésité dans l’éventail présenté, les autres s’identifiant à une silhouette correspondant au surpoids (24,0 %) ou à une silhouette correspondant à un poids normal (26,0 %). La tendance apparaît moins marquée chez les hommes en obésité qui sont 57,0 % à sélectionner une silhouette d’homme en obésité dans l’éventail présenté et 33,0 % une silhouette correspondant au surpoids. Évolution

Figure 2. – Figurines de Stunkard pour le test des silhouettes (version femmes)

L’obésité est associée à une insatisfaction corporelle

Les quatre premières silhouettes les plus minces à gauche du test correspondent à un IMC sans surpoids, la première à l’état d’amaigrissement (voir figure ci-dessus). Elles sont considérées comme une silhouette idéale par 87,0 % des femmes contre 58,0 % des hommes en population générale. L’insatisfaction est particulièrement significative chez les femmes en obésité qui sont 55,0 % à choisir une silhouette correspondant à un IMC sans surpoids lorsqu’elles doivent choisir leur silhouette idéale et 42,0 % à choisir une silhouette correspondant à un surpoids. L’insatisfaction se retrouve aussi chez les hommes en obésité qui sont 22,0 % à choisir une silhouette correspondant à un IMC sans surpoids et 72,0 % à choisir une silhouette correspondant à un surpoids.

La forte corrélation de l’obésité avec des maladies métaboliques n’est pas démentie

L’hypertension artérielle concerne en moyenne 20,0 % de la population générale là où 36,0 % des personnes en obésité sont concernées, et cette proportion atteint 42,0 % chez les personnes en obésité morbide. De même, alors que le diabète concerne 9,0 % de l’ensemble des Français, il concerne davantage les personnes en obésité avec un taux qui s’établit à 20,0 % et à 31,0 % chez les personnes en obésité morbide. L’apnée du sommeil concerne 7,0 % des Français et constitue un autre facteur de risque fortement corrélé à l’obésité. La prévalence de l’apnée du sommeil atteint 18,0 % chez les personnes en obésité et 31,0 % chez celles en obésité morbide. D’autres comorbidités également retrouvées plus fréquemment chez les personnes en obésité qu’en population générale sont citées dans l’enquête, notamment l’hypercholestérolémie, les maladies cardiovasculaires, l’arthrose, le reflux gastro-œsophagiens et les troubles psychologiques.

La plus forte médicalisation des problèmes de poids

La part de Français ayant été opérés pour traiter un problème de poids a été multipliée par plus de cinq entre 2012 et 2020. Elle s’élève aujourd’hui à 2,8 %, soit 1,4 million de Français ayant subi une opération bariatrique. Les personnes opérées ont en moyenne un IMC de 27,3, mais sont surreprésentées chez les personnes en obésité sévère (8,8 %) et en obésité morbide (7,6 %). L’enquête rapporte que les individus opérés sont surreprésentés chez les personnes en situation d’obésité sévère (8,8%) et massive (7,6%). Concrètement, ces chiffres mettent en évidence un taux d’échec non négligeable du traitement chirurgical de l’obésité. Il y a là sans doute nécessité d’en comprendre les causes et surtout, pour les patients, de prévenir ces rechutes en s’engageant vraiment dans le suivi pré- et postopératoire dont dépend à terme le maintien de la perte d’excès de poids. Enfin, un autre indicateur révélant la plus forte médicalisation des problèmes de poids est l’augmentation des consultations pour ce motif au cours des 12 derniers mois qui est passé de 4,7 % des Français en 2012 à 7,6 % en 2020.

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